Publié le 26 janvier 2021
Une production de protéines animales sans antibiotiques
Une protéine animale sans antibiotique est-elle à portée de main ? Quels sont les avantages et inconvénients de ne pas utiliser d’antibiotiques dans la production de protéines animales ? Lorsque les infections bactériennes deviennent graves, les antibiotiques sont une solution possible et efficace.
Depuis plus de 70 ans, les entreprises ont utilisé des antimicrobiens dans l’aliment et l’eau des animaux pour favoriser la croissance, améliorer la viabilité, tout en créant un approvisionnement alimentaire plus sûr. Mais dans le même temps, en raison de l'utilisation excessive et abusive répétée des antibiotiques, les bactéries évoluent au fil du temps et peuvent devenir résistantes. Le processus de résistance antimicrobienne s'accélère, ce qui rend le traitement des infections beaucoup plus difficile, voire impossible. Par ailleurs, trop se concentrer sur la seule réduction des antibiotiques compromet également le bien-être des animaux. Le secteur des protéines animales a le devoir de traiter les animaux lorsque c’est nécessaire.
Un usage d’antibiotiques responsable pour créer un approvisionnement alimentaire plus sûr
Définition simple de la résistance antimicrobienne : les bactéries évoluent avec le temps. Cette résistance se produit lorsque les bactéries survivantes transmettent leurs gènes à la génération suivante. Ce qui les rend donc résistantes à un antibiotique spécifique. La santé humaine et la santé animale sont liées, et nous voyons une grande valeur dans l'utilisation des antibiotiques pour traiter les animaux et les humains. Tout comme nous avons tous droit à des traitements lorsque nous sommes confrontés à une maladie. Nous avons la responsabilité envers les Hommes, les animaux et notre planète de prendre soin les uns des autres. Bien que la plupart des résistances aux antibiotiques auxquelles les humains sont confrontés soient liées à l'utilisation des antibiotiques en médecine humaine, nous reconnaissons que leur utilisation dans la chaîne alimentaire est un facteur de risque. C'est pourquoi nous nous engageons à apporter des solutions pour prévenir cette crise. Alors comment aborder la résistance aux antimicrobiens, combattre les maladies et garantir un approvisionnement alimentaire sûr ?
Afin de maintenir les animaux et les Hommes en bonne santé, nous nous concentrons sur une sélection animale durable. Nous sélectionnons des animaux qui sont plus résistants aux maladies et qui peuvent plus facilement guérir par eux-mêmes des problèmes de santé auxquels ils font face. Nous avons également mis en place, en premier lieu un système de biosécurité afin d'éviter d’avoir besoin du recours aux antibiotiques. Nous assurons l'approvisionnement en génétique en disposant d'une structure mondiale de fermes de sélection et de multiplication et de couvoirs locaux stratégiquement situés. Tous ces efforts, et d'autres encore, sont en place pour créer un approvisionnement alimentaire mondial plus sécurisé.
Standard de biosécurité : organismes de pathogènes spécifiques, exempt, résistant ou tolérant
- Un animal exempt d’organismes pathogènes spécifiques (EOPS = SPF) signifie qu’il est uniquement exempt de certains pathogènes, pas de tous. C’est un statut sanitaire. Celui-ci est facilement perdu lorsque l’animal est transféré vers un statut sanitaire plus faible, où il peut facilement être infecté par des pathogènes spécifiques.
- Un animal peut être résistant à des organismes pathogènes spécifiques (SPR). Ceci est un caractère binaire, l’animal est susceptible d’être infecté ou ne l’est pas, pour une maladie considérée.
- Un animal peut être tolérant à des organismes pathogènes (SPT). Il peut être infecté mais ne développera peut-être pas la maladie ou la développera sous une forme atténuée.
Définir ces standards de biosécurité fait partie d’une bonne politique de biosécurité. Le fait d’avoir des animaux résistants ou tolérants facilite le maintien d’un statut exempt d’organismes de pathogènes spécifiques. Et de rendre la réduction des antibiotiques et le contrôle des maladies plus réalisables. Il faut néanmoins garder à l’esprit que des animaux résistants ou tolérants ne constituent pas nécessairement un progrès pour un approvisionnement alimentaire plus sûr. Le fait que les animaux ne tombent pas malades eux-mêmes ne signifie pas qu'ils ne transmettront pas de maladies ou que l'Homme ne peut pas en être malade. Il s'agit d'une question délicate qui doit être abordée sous de nombreux angles. La lutte contre les maladies est un processus par petites étapes successives, confronté à de multiples facteurs.
Une production de protéines totalement sans antibiotiques est-elle possible ?
Il est clair que l'utilisation d'antibiotiques dans la production animale doit être réduite au minimum. De nombreux développements scientifiques et technologiques nous aideront dans ce processus. Cependant, la question de savoir si nous allons laisser un animal mourir alors que nous pouvons le soigner avec des antibiotiques devient une question éthique. Pour l'instant, les secteurs de l'élevage et nous, en tant qu'entreprise de sélection animale, pouvons contribuer autant que possible à limiter les causes d’utilisation d'antibiotiques, mais lorsqu'un animal souffre d'une maladie bactérienne, menaçant son intégrité, il doit être traité avec des antibiotiques, autant que nécessaire, et en utilisant le moins possible. L'interdiction totale de tout traitement antibiotique est une forme de cruauté envers les animaux.
Hendrix Genetics a lancé un programme de durabilité en 2013 : contribuer à un avenir durable pour assurer le bien-être des générations actuelles et futures. Au cours des cinq premières années du programme, l'utilisation responsable des antibiotiques a été l'un des principaux enjeux obligatoires sur lesquels toutes nos activités ont travaillé, tout comme l'amélioration de la biosécurité, du bien-être des animaux et de la santé et de la sécurité du personnel. Cette phase s'est achevée par un rapport RSE détaillé et a été suivie de nouvelles initiatives basées sur huit enjeux matériels. Ces enjeux sont issus d'une vaste enquête auprès des clients afin de renforcer la durabilité, notre objectif étant de définir la norme en sélection animale durable.
Nouvelles technologies
La mise en œuvre efficace d'une production animale sans antibiotiques nécessite la collaboration du monde entier. Des collaborations fructueuses sont possibles lorsque davantage de personnes s'engagent à mettre en œuvre de bonnes pratiques pour minimiser le besoin d'utiliser des antibiotiques. Les nouvelles technologies, par exemple, aident également à lutter contre les maladies et à réduire le besoin d'antibiotiques. De nouvelles technologies qui permettent de détecter les signes avant-coureurs de maladies et de mettre en place plus rapidement des actions correctrices sont mises au point et testées. Lorsque les animaux tombent malades, ils montrent généralement des signes de stress dès le départ. Ils se comportent différemment, émettent des sons plus ou moins forts, se réchauffent ou se refroidissent, accélèrent ou ralentissent leur activité. Grâce aux nouvelles technologies, vous pouvez détecter les changements plus tôt et les personnes qui s'occupent des animaux peuvent résoudre un problème plus rapidement. En isolant ceux qui montrent des signes afin d'éviter une contamination généralisée tout en ajustant l'aliment, l'eau ou le contrôle de l’environnement.
Prendre soin les uns des autres
Il est de notre responsabilité de prendre soin de nos animaux, de nos collaborateurs, de nos clients, de l'environnement et des consommateurs, dans le monde entier. Prendre soin les uns des autres signifie assurer notre sécurité. Alors que tout est lié et nécessite un équilibre délicat pour fonctionner comme une horloge ou une machine bien huilée, nous devons tous faire des choix et garder un esprit ouvert. Quelle est notre priorité absolue ? Est-ce un individu ou le groupe ? Est-ce les personnes qui ont besoin de nourriture ou les animaux qui entrent dans la chaine alimentaire ? Qu'en est-il de l'environnement, des ressources, des générations, des cultures, des classes, des sexes ? Il n'est pas facile d'appliquer l'éthique liée à la sélection de la prochaine génération. Nous voulons examiner les possibilités de surmonter les pratiques ou les normes actuelles qui sont dépassées, non acceptées ou simplement susceptibles d'être améliorées afin que le fait de prendre soin les uns des autres soit mieux pris en compte qu'aujourd'hui. La sélection animale durable est notre voie vers une vie meilleure demain pour les animaux, les Hommes et notre planète.