Publié le 6 octobre 2022
Trouver le bon équilibre dans notre système alimentaire
Aujourd’hui, environ 800 millions de personnes souffrent de la faim, et trois milliards de personnes ne peuvent avoir accès à un régime équilibré. La malnutrition est un facteur contribuant à environ 45% des décès chez les enfants âgés de moins de cinq ans dans les pays en développement. D’un autre côté, la consommation d’aliments ultra-transformés fait grimper les taux d’obésité comme jamais auparavant. Nous n’avons pas encore trouvé le bon équilibre.
Nous faisons face à un écosystème sur le déclin et à un changement climatique inévitable. La nourriture est fondamentale pour notre santé, notre environnement, notre société et notre économie mais le système alimentaire actuel n’est ni très efficient ni très efficace. Il produit beaucoup de déchets, utilise les ressources de façon intensive et pollue la planète. On estime que 30 à 40% de la nourriture totale est perdue ou gâchée. La pandémie de COVID-19 a exposé la vulnérabilité de notre système alimentaire actuel : il n’est tout simplement pas durable.
La solution numéro un
La solution numéro un qui peut aider à régler le plus gros défaut de notre système alimentaire est de réduire les pertes et le gâchis de nourriture. Selon le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), inverser la courbe du gaspillage alimentaire permettrait de préserver assez de nourriture pour nourrir deux milliards de personnes. Réduire les pertes et le gaspillage alimentaires est possible à tous les stades de la production, de la distribution et de la consommation. Les causes vont d’une mauvaise manipulation, d’un transport ou d’un stockage inadéquat, d’un manque de capacité de la chaîne du froid, de conditions climatiques extrêmes aux normes cosmétiques, en passant par un manque de planification et de compétences culinaires parmi les consommateurs.
Le fait que des quantités considérables de nourriture soient produites mais non consommées a des impacts économiques, sociaux et environnementaux extrêmement négatifs. Selon les estimations calculées, 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiales sont associées à la nourriture non consommée.
La plupart des recherches sur la perte et le gaspillage de nourriture se sont concentrées sur les niveaux post-récoltes, de vente au détail et de consommation mais, selon des études récentes, jusqu'à un tiers de toutes les cultures ne sont pas récoltées en raison des fluctuations du marché. Ces récoltes ont cependant aussi besoin de beaucoup d’eau, de terre, d’engrais et de travail agricole. Tout cela est gaspillé.
Pour faire simple, la réduction des pertes et du gaspillage de nourriture signifie plus de nourriture pour tous, moins d’émissions de gaz à effet de serre, moins de pression sur l’environnement et une augmentation de la productivité et de la croissance économique.
Du linéaire au circulaire ?
Une économie circulaire pour la nourriture est encore un concept relativement nouveau, et aucune définition utilisée largement n’a encore été adoptée. Cependant la plupart des experts dans ce milieu la décrivent ainsi : une économie alimentaire circulaire ressemble aux systèmes naturels de régénération. Cela signifie que nous devons changer ce que nous faisons pousser et comment nous le faisons pousser en se limitant à manger ce que la nature peut nous fournir. Dans un système circulaire, la nourriture n’est ni perdue ni gâchée. Cela va de pair avec la solution numéro un décrite plus tôt dans cet article. Une économie alimentaire circulaire implique aussi le recyclage des nutriments afin de les utiliser de façon productive en tant qu’engrais, pour faire des textiles ou encore en les transformant en ingrédients pour l’aliment des animaux.
Marcher dans la bonne direction
Malgré le besoin de réduire les pertes et le gaspillage alimentaires, en mettant en œuvre des systèmes circulaires pour regénérer la nature, des solutions plus simples peuvent déjà améliorer la durabilité de notre système alimentaire actuel et ne pas bloquer le transit vers un autre système.
L’application d’innovations et de technologies existantes peut augmenter la disponibilité de la nourriture et réduire l’empreinte environnementale de la production agricole. Certaines innovations et domaines d’opportunités pourraient inclure :
- L’application universelle de connaissances et de solutions afin d’apporter des gains significatifs en termes de production, comme les rendements des cultures ou les résultats des récoltes, en particulier pour les petits agriculteurs.
- De la visibilité tout au long des chaînes d’approvisionnement alimentaire, y compris les données permettant de trouver les principaux points chauds en matière de pertes et de gaspillage alimentaires ainsi que des solutions.
- Prolonger la durée de conservation des aliments périssables avec un meilleur emballage des aliments.
- Renforcer les infrastructures et la logistique grâce à des chaînes du froid et des technologies de refroidissement durables afin que les aliments finaux parviennent au consommateur plus rapidement et en meilleur état.
- Au niveau du consommateur, assouplir les normes et éduquer quant aux exigences esthétiques des produits alimentaires afin de consommer davantage de ce qui est produit.
La réduction des pertes de nourriture dans la chaîne d’approvisionnement est susceptible de produire le résultat positif le plus fort pour garantir une sécurité alimentaire plus importante. Passer d’un système alimentaire linéaire à un système circulaire nécessitera un changement de pensée radical, et donc du temps. En attendant, cela ne devrait pas nous empêcher d’ignorer les autres solutions qui peuvent fournir des changements progressifs vers un système alimentaire plus durable. Notre objectif final est de retirer l’immense pression qui pèse sur l’environnement, les ressources naturelles qui se font de plus en plus rares, la biodiversité et le climat.