Publié le 24 août 2022
« L’ICD », l’Indice de Consommation Durable expliqué
La sélection pour l’amélioration des taux de conversion alimentaire n’a rien de nouveau dans le domaine de la génétique animale. Consommer moins de nourriture pour un rendement plus élevé est souhaitable d’un point de vue économique évident. Mais nous commençons maintenant à regarder les indices de consommation dans une perspective environnementale durable.
Au cours des dernières décennies, les secteurs des protéines animales se sont concentrés sur l’efficacité de la nourriture pour l’élevage. L’aliment constitue la dépense la plus importante dans la production de protéines animales. Afin d’expliquer l’efficacité alimentaire ou l’indice de consommation (IC), il s’agit de la quantité d’aliment nécessaire à la production d’un résultat, tels que le lait pour les vaches laitières, la viande pour l’élevage bovin, ou encore la masse d’œufs pour les poules pondeuses. Avoir besoin de moins d’aliment pour une production qui sera égale ou supérieure est en général à la fois bon pour l’industrie et pour l’environnement.
L’agriculture et la planète y trouvent toutes deux clairement leur compte. Cependant, avec l’attention particulière portée à l’efficacité alimentaire, des ingrédients de haute qualité, et aussi comestibles par les humains, sont entrés dans l’alimentation des animaux. Il est temps de regarder l’efficacité alimentaire d’un point de vue différent et d’inclure d’autres facteurs dans l’IC afin de définir l’Indice de Consommation Durable, en intégrant dans l’équation la concurrence alimentaire et l’impact environnemental.
L'efficacité alimentaire influencée par la génétique et l’environnement
La génétique joue un rôle important dans l’amélioration de l’efficacité alimentaire. L’autre facteur majeur dans l’indice de consommation est l’environnement, autrement dit le type d’aliment, le bâtiment, la gestion, la santé animale, etc. Au fil des ans, l’efficacité alimentaire s’est grandement améliorée via une meilleure génétique et des améliorations de l’environnement des animaux. Cela a permis aux animaux d’avoir besoin de moins d’aliment. Pour faire simple, une consommation réduite d’aliment signifie moins de matières premières à faire pousser, à produire et à transporter. Les résultats de la professionnalisation de tous les éléments de la production de bétail ont été stupéfiants. Cela aide clairement à réduire l’empreinte carbone globale.
Une efficacité alimentaire durable
Au fil des ans, sur la base d’une surveillance en continue, l’industrie alimentaire a effectué des recherches et formulé des produits d’aliment qui permettent aux animaux d’avoir des performances très efficaces. La réduction des émissions de gaz à effet de serre était un sous-produit de l’efficacité alimentaire, et jamais sa cible principale. Mais dans les années à venir, l’impact environnemental sera un facteur important dans le secteur de l’efficacité alimentaire.
L’industrie alimentaire actuelle veille à optimiser l’efficacité alimentaire en reliant la performance animale et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De nouveaux produits et additifs sont conçus afin d’améliorer la conversion alimentaire et de réduire considérablement les émissions de CO2 dans la production animale.
De grandes quantités d’aliment potentiel comme les résidus de récoltes, les déchets alimentaires et les sous-produits agro-industriels sont souvent inutilisés, et ce gaspillage contribue directement aux impacts environnementaux néfastes. Ce sont des occasions perdues de recycler et d’optimiser l’efficacité de l’utilisation des ressources.
Les déchets alimentaires en eux-mêmes peuvent aussi être utilisés d’une meilleure manière. Les sources de déchets alimentaires « propres » provenant des restaurants et des supermarchés peuvent être des sources d’alimentation animale valable, à condition que la nourriture soit testée et traitée contre les agents pathogènes pour garantir la sécurité des aliments. Avec les bonnes motivations, législations et systèmes mis en place pour la sécurité des aliments, certains pays réussissent à recycler la moitié de leurs déchets alimentaires en nourriture animale « verte » de haute-qualité.
Une sélection pour des animaux aux plus faibles émissions
La génétique animale peut offrir des solutions possibles pour réduire l’impact environnemental. Deux chemins possibles seront ici mis en lumière. Tout d’abord, la génétique animale peut être utilisée dans le but d’augmenter l’adaptabilité de la capacité des animaux à assimiler des régimes (à plus faible émission) qui utiliseront une plus forte portion de déchets spécifiques ou de résidus alimentaires. Les animaux ont une efficacité digestive différente, ce qui fait qu’ils vont pouvoir plus facilement et plus efficacement transformer ces nouveaux ingrédients en protéines animales qui seront sélectionnées et utilisées pour la prochaine génération, et ainsi de suite. Par exemple, en raison de la croissance de la production d’éthanol à partir de maïs dans différents pays comme les États-Unis, l'offre de drêches de distillerie avec solubles (« DDGS ») à inclure dans les régimes alimentaires des animaux a augmenté au cours de ces 20 dernières années. Grâce à une sélection continue de l’efficacité alimentaire, le niveau de DDGS dans l’alimentation totale a augmenté de façon spectaculaire tandis que les performances des porcs d’abattage n’ont pas montré d’effets négatifs significatifs.
Une autre route menant à réduire les émissions animales est la sélection des animaux émettant des gaz à effets de serre plus faibles. En raison de la diversité génétique, les animaux digèrent leurs aliments différemment, ce qui mène à des différences dans leur production de différents gaz. La recherche s’est pour le moment essentiellement portée sur les ruminants car ils sont responsables d’environ des deux-tiers des émissions totales de gaz à effet de serre dans le secteur de l’élevage. Les chercheurs mesurent le total et la composition des gaz produits par chaque vache individuellement. Il existe manifestement une base génétique de la variation de l'excrétion, ce qui soulève la possibilité de réduire les émissions de fumier en sélectionnant une excrétion réduite.
Pour conclure
L’utilisation des flux de déchets pour réduire le total des émissions produites par les animaux d’élevages a été étudiée et est actuellement mise en pratique. Mais il y a encore beaucoup de travail à effectuer. Une meilleure sélection peut être la réponse pour avoir une planète plus propre. Des recherches seront encore nécessaires pour sélectionner des animaux dont l’efficacité digestive est améliorée lorsqu’ils sont nourris avec de nouveaux flux de déchets et des animaux dont l’excrétion varie en quantité et/ou en composition. Pour être plus efficaces, notre rôle est de continuer à récupérer des données sur les performances des animaux avec des moyens nouveaux et innovants. Afin d’effectuer la transition vers une sélection animale durable, la considération de l’impact environnemental continuera d’être un centre d’attention important au sein de nos programmes.